Fin octobre, neuf hommes armées et ceinturés d’explosifs, pénètrent dans la cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours pendant la messe. C’est le carnage. Depuis, de plus en plus de Chrétiens quittent Bagdad. Selon une estimation de l’ONG irakienne Hammurabi, vingt à trente familles par jour prendraient la voie de l’exil.
Ils étaient environ deux millions avant la première Guerre du Golfe. L’exode, qui a commencé pendant les années d’embargo et s’est poursuivi après la chute de Saddam, n’est pas près de s’arrêter. Les chrétiens irakiens ne sont plus aujourd’hui que 500.000. Sont-ils destinés à disparaître d’Irak, alors qu’ils sont originaires de Mésopotamie, où se trouve le tombeau d’Abraham ?
Bessam, jeune biologiste, attend un visa pour Amman. Ensuite, il espère rejoindre sa sœur au Canada. Mais partir dans ces conditions, c’est renoncer à son passé.
Sevan, professeur de français, reste au pays. Elle se souvient de ses grands-parents arméniens, qui avaient fui le génocide en 1915.
La majorité des Irakiens musulmans ne veulent pas que les Chrétiens partent. Pour Saad Salloun, rédacteur en chef de la revue Masarat, s’ils quittent le pays, comme d’autres minorités, l’Irak perdra ses racines.
Cependant, en cette veille de Pâques, les églises sont presque vides : ceux qui ne sont pas partis ont peur et jouent profil bas. Les victimes de l’attentat du mois d’octobre sont encore trop présentes dans toutes les mémoires.