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AUTOMNE EGYPTIEN - Portrait d’une jeunesse égyptienne
Réalisateur(s) : Liv HANSSEN – Auteur(s) : Liv HANSSEN Contact Imprimer page
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Cinq ans après le printemps arabe, l’automne règne sur l’Egypte. Pourtant cette saison n’existe pas en Egypte. Est-ce un coup d’arrêt transitoire ou les funérailles définitives de cette vague révolutionnaire d’une jeunesse égyptienne qui se croyait invincible ?
En janvier 2011, cette jeunesse égyptienne, qui est née et a grandi sous Moubarak, renversait le pouvoir en scandant « plus de justice sociale, de liberté et du pain pour le peuple !» Une jeunesse qui croyait en son avenir et en sa puissance, puisqu’elle représente 60% de la population du pays.
« Avant la révolution, je voulais partir travailler en Allemagne, disait Ali étudiant ingénieur au lendemain du printemps arabe, mais la révolution m’a convaincu que je devais rester et changer notre pays. Le pays nous appartient maintenant et ce n’est plus celui de Moubarak. »
Connaissant l’Egypte depuis plus de 20 ans, la réalisatrice a été enthousiasmée par cette révolution, par cette liberté de parole retrouvée, dans la rue, dans les cafés, dans les taxis, dans les villages, à la télévision… Comme les jeunes Egyptiens elle a cru que cette nouvelle génération changerait ce pays. Elle s’est installée là-bas pour comprendre de l’intérieur, pour vivre avec ces jeunes qui avaient pris leur destin en main. En juin 2015, elle est rentrée précipitamment d’Egypte où la vie est devenue irrespirable. Ce film tente de retracer et de comprendre comment la jeunesse égyptienne est passée du printemps à l’automne, du rêve au cauchemar, de l’euphorie au désarroi…
Que reste-t-il de la révolution aujourd'hui ?
« Depuis la Révolution, rien n’a changé, dit Ali. On a appris une chose, c’est que l’on ne peut faire confiance à personne. Avec les mouvements sociaux, ce qui nous intéresse, ce sont les gens, le peuple… On se fiche des partis politiques. On n’en veut pas. On ne veut pas choisir entre les barbus et les militaires. Entre la peste et le choléra, on ne choisit pas»
Durant ces années, la réalisatrice a filmé des jeunes venant d’horizons très différents : il y a Ali, l’étudiant du Caire, issu de classe moyenne cultivée qui a monté une association de défense des droits des femmes, Hanan, fille de paysans, qui vit dans l’oasis du Fayoum, fief historique des frères musulmans, Nour, le lycéen, fils de bonne famille qui partage son temps entre l’Europe et l’Egypte, Ibrahim et Mohab, deux jeunes graffeurs qui ont peint sur les murs du Caire les promesses et les aspirations de leur génération…
Elle les a suivis dans leurs actions et leur vie quotidienne durant les soubresauts qui ont agité l’Egypte depuis la révolution. L’espoir des lendemains qui chantent, la parenthèse des frères musulmans au pouvoir, l’amertume d’un pays repris en main par une armée à la poigne d’airain. Et aussi les coupures d’électricité quotidiennes, la pénurie d’essence, de gaz, la flambée du chômage et des prix…
Mais au-delà du désarroi d’une jeunesse trahie, transparait la volonté d’une génération puissante qui sait que son jour viendra. « On ne sera plus jamais silencieux désormais, on a gagné ce droit avec la révolution et personne ne pourra nous l’enlever. Nous devons garder espoir, sinon on ne peut pas vivre. Cela prendra peut être dix ans pour changer ce pays, mais on le changera de toutes façons, on doit rester confiant».