Entre 1926 et 1972, sous couvert des plus hautes autorités helvétiques, l’Oeuvre d’Entraide pour les Enfants de la Grand Route - une association crée par la Fondation Suisse de bienfaisance Pro-Juventute - a eu pour unique objectif, l’élimination du nomadisme. C’est ainsi que pendant près de cinquante ans, plus de 600 enfants Jenisches (tsiganes), ont été arrachés à leurs familles, dans le cadre de la terrible opération « Enfants de la Grand Route » . Placés dans des orphelinats, maisons de correction ou encore contraints de travailler dans des familles d’accueil paysannes, ces enfants ne connurent que maltraitance, répression et racisme. Faute de place dans ces structures, ils étaient jetés en prison ou encore internés dans des cliniques psychiatriques, où certains d’entre eux furent l’objet « d’expérimentations douteuses » de la part de scientifiques soucieux de démontrer « l’infériorité de leur race ». Considérés comme « des criminels, des fainéants, des gens négligés et en grande partie dégénérés » les Jenisches de Suisse furent victime d’une politique de sédentarisation forcée. La communauté tsigane porte encore les stigmates de ces cinquante années de cauchemar.